Jeunesse Africaine : Le pari de l'entrepreneuriat pour l'avenir du continent

En 2025, plus de 120 millions de jeunes africains seraient sans emploi ou ne seraient ni en formation ni en éducation. Face à cette situation alarmante, il devient crucial de passer de la simple création d’emplois à la stimulation de l’entrepreneuriat, véritable levier pour un avenir prospère et durable.

O'ren Damilla

1/14/20253 min read

Selon l’Africa Youth Employment Clock, environ 121 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans seraient sans emploi ou ne seraient ni en éducation ni en formation en 2025, ce qui représente une augmentation de 2,8 millions par rapport à 2024. Cette situation souligne l’urgence d’agir face à un chômage des jeunes qui menace la stabilité économique et sociale de l’Afrique.

Le Dr Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), a souligné que « le plus grand risque est de ne pas investir dans les jeunes ». Il affirme qu’il est impératif de dépasser la simple création d’emplois et de miser sur l’entrepreneuriat. « Nous devons aider les jeunes à aller au-delà de la recherche d’emploi », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de leur offrir les moyens de devenir des créateurs de valeur et des moteurs de croissance économique.

Un tissu économique dominé par l’informel

Malgré les efforts de développement, le paysage entrepreneurial africain reste fragilisé. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), plus de 80 % des emplois en Afrique sont informels. Ce modèle économique, basé sur des micro-entreprises et l’auto-emploi précaire, limite les perspectives de croissance durable. Les jeunes peinent à accéder à des emplois stables et productifs, freinant ainsi l’émergence d’un secteur privé solide et structuré.

Cette prédominance de l’informel empêche la structuration de grandes entreprises capables de générer des emplois qualifiés et de stimuler l’innovation. De plus, elle freine les investissements et limite les opportunités de développement pour les jeunes entrepreneurs.

Investissements et financements : Une solution potentielle mais insuffisante

Pour inverser cette tendance, la Banque africaine de développement a intensifié ses actions en faveur des jeunes entrepreneurs. En 2024, elle a mobilisé 577 millions de dollars en prêts et subventions pour soutenir la création d’entreprises et d’emplois à travers le continent. Ces fonds ont été orientés vers des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, le numérique et l’innovation, considérés comme des leviers essentiels de transformation économique.

Par exemple, la Tanzanie a alloué près de 130 millions de dollars pour soutenir les entreprises agricoles dirigées par des jeunes, tandis que le Soudan du Sud a bénéficié d’une subvention de 5 millions de dollars pour renforcer les initiatives entrepreneuriales locales. Le Kenya, de son côté, a mis en place un fonds de 385 millions de dollars pour financer les PME et les jeunes entrepreneurs exclus des circuits bancaires traditionnels.

Cependant, ces investissements ne suffisent pas à eux seuls. Ils doivent être accompagnés de réformes structurelles profondes : simplification des démarches administratives, accès facilité aux financements, amélioration des infrastructures et soutien à la formalisation des entreprises.

L’entrepreneuriat : Clé de la transformation économique

L’entrepreneuriat est désormais considéré comme une solution durable pour lutter contre le chômage des jeunes en Afrique. Cependant, pour que cette dynamique porte ses fruits, il est impératif de créer un environnement économique favorable. Cela passe par :

• La formalisation des micro-entreprises pour les intégrer pleinement à l’économie formelle.

• Le renforcement de l’accès au financement par la création de mécanismes adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs.

• Le développement de l’éducation entrepreneuriale dès le plus jeune âge pour encourager la prise d’initiative et l’innovation.

L’Afrique possède un potentiel immense grâce à sa jeunesse dynamique et créative. Mais pour que ce potentiel soit exploité, il faut une stratégie ambitieuse et coordonnée. Investir dans les jeunes aujourd’hui, c’est poser les bases d’un avenir prospère et stable pour l’ensemble du continent.